| 06/04/2005  
                DÉCÈS DU PAPE JEAN PAUL IILes Croates rendent un hommage unanime au premier pape slave
 Le Souverain pontife 
                avait notamment apporté son soutien à l'indépendance 
                de la Croatie en 1992
  L’annonce 
                de la mort du Souverain pontife, le 2 avril 2005, a été 
                accueillie avec tristesse et émotion dans toute la Croatie 
                où neuf habitants sur dix se reconnaissent de confession 
                catholique. Le gouvernement a décrété un 
                deuil officiel de trois jours, les 
                4 et 5 avril, ainsi que le 8 avril, jour des obsèques. 
                Jean Paul II, qui fut l’un des tout premiers chefs d’Etat 
                à s’élever contre la guerre en Croatie, s’y 
                rendit par la suite à trois reprises, en 1994, en 1998, 
                ainsi qu’en en 2003, pour son 100e 
                voyage pastoral hors d’Italie. Au cours de son pontificat, 
                Jean Paul II a canonisé deux Croates et en a béatifié 
                trois autres. Il a également créé trois cardinaux 
                croates. Le premier ministre Ivo Sanader, qui avait été 
                reçu par le pape le 22 février 2005, fut le dernier 
                homme politique étranger à l’avoir rencontré. 
                Le président Stipe Mesic et M. Sanader assisteront aux funérailles 
                solennelles à Rome.
  Au 
                lendemain de la mort du pape Jean Paul II, l’ensemble 
                de la classe politique croate, ainsi que les dignitaires religieux 
                de toutes obédiences, lui ont rendu un hommage unanime. 
                Un hommage en écho à la ferveur populaire manifestée 
                dès l’annonce de sa mort aux quatre coins du pays, 
                où sa figure fait l’objet  
                d’un profond respect voire 
                d’une grande dévotion. Plus de 10 000 personnes ont 
                ainsi assisté à la grand messe célébrée 
                à sa mémoire par le cardinal Mgr 
                Josip Bozanic en la cathédrale de Zagreb, le 4 avril, 
                en présence des plus hauts représentants de l’Etat.
  Pour 
                l’archevêque de Zagreb, Jean Paul II « a 
                témoigné sa sollicitude au peuple croate lorsque 
                celui-ci fut blessé, il l’a réconforté 
                lorsqu’il avait perdu courage, il l’a rassemblé 
                lorsqu’il fut désuni ». « Hvala » 
                (Merci) est d’ailleurs le seul mot simplement inscrit au 
                côté de son portrait sur l’affiche géante 
                installée sur la place Jelacic, la principale place de 
                Zagreb. Même ferveur dans le reste de la Croatie où 
                les cloches de toutes les églises ont sonné le glas 
                tandis qu'étaient célébrées 
                des messes solennelles dans toutes les paroisses du pays. Selon 
                les termes du président de la République Stipe 
                Mesic, le pape Jean Paul II « fut non seulement 
                le chef de l’Eglise, mais également un inlassable 
                promoteur de l’entente entre les hommes, les Etats, les 
                civilisations et les religions, forçant le respect de millions 
                d’hommes de par le monde ».
  Le 
                premier ministre, Ivo Sanader, 
                qui avait réservé au Souverain 
                pontife sa première visite à 
                l'étranger, le 8 janvier 2004, et fut aussi le dernier 
                homme politique à l'avoir rencontré, le 22 février 
                2005, avant son hospitalisation, a pour sa part estimé 
                que « le monde a perdu un grand homme, et la Croatie 
                un ami ». Car l'un des principaux artisans de la chute 
                du Mur de Berlin fut aussi, selon M. Sanader, « celui 
                qui apporta son réconfort et son soutien au peuple croate 
                dans les moments cruciaux et qui comprit notre aspiration à 
                un Etat souverain et indépendant ».
  Quant 
                au leader de l’opposition et ancien chef du gouvernement, 
                Ivica Racan, il a estimé que « les messages 
                par lesquels il a appelé, en 1994, chacun en Croatie à 
                œuvrer en direction d’une société tolérante, 
                juste, unie et solidaire, demeurent tout aussi forts que ceux 
                adressés aux Croates à l’occasion de son dernier 
                voyage en 2003, lorsqu’il a souligné que le peuple 
                croate doit continuer de tisser des liens et de consolider sa 
                stabilité, afin de s’intégrer à la 
                communauté des peuples européens. » Pour 
                leur part, les parlementaires croates ont souhaité rendre 
                hommage au Saint Père en adoptant, le 6 avril, une Charte 
                de reconnaissance dans laquelle il le remercient notamment « 
                pour le ferme et le sincère soutien politique à 
                l’émancipation de la Croatie […], le soutien 
                à l’entrée de la Croatie dans la grande famille 
                des Etats européens » et le « développement 
                de la culture de la paix et du pardon, du dialogue, de la tolérance».
  Le 
                président de la République Stipe Mesic et le premier 
                ministre Ivo Sanader assisteront, le 8 avril, aux funérailles 
                solennelles du pape Jean Paul II dans la basilique St-Pierre de 
                Rome, en présence de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement. 
                Des milliers de Croates ont également pris le chemin de 
                la Ville éternelle pour se joindre aux millions de pèlerins 
                qui y sont attendus pour y rendre un dernier hommage à 
                celui que l'on place déjà aux côtés 
                des plus illustres évêques de Rome.
 Œcuménisme 
                 
                  | CHARTE 
                    DE RECONNAISSANCE À L’ÉGARD DE SA SAINTETÉ 
                    JEAN PAUL II |   
                  | - 
                      Exprimant sa 
                      déférence à l’égard de Sa Sainteté Jean Paul II en tant 
                      que la plus haute autorité morale contemporaine, qui tout 
                      au long de son pontificat a plaidé et agi en faveur du dialogue, 
                      de la tolérance et de la culture de la paix entre les hommes 
                      et les cultures de tous horizons, et qui sans relâche en 
                      appelait au respect des droits et de la dignité de chaque 
                      être humain et de chaque peuple,- 
                      Exprimant 
                      la reconnaissance du peuple croate et des citoyens de la 
                      République de Croatie pour la contribution et le soutien 
                      incessants, conséquents et inestimables apportés 
                      à la Croatie dans les moments les plus pénible durant la 
                      guerre, ainsi qu’aux efforts de la Croatie visant à rejoindre 
                      la communauté des peuples européens,
 - Exprimant sa reconnaissance 
                      pour l’amitié généreuse qu'il a offerte et ouvertement manifestée 
                      à l’égard de la Croatie, du peuple croate et de tous ses 
                      citoyens en partageant avec eux la joie de ses jubilés personnels, 
                      en se rendant à trois reprises dans notre pays, nous, représentants 
                      du peuple croate et de tous les citoyens croates sommes 
                      convenus d’approuver une
  
                      CHARTE DE RECONNAISSANCE À L’ÉGARD DE SA SAINTETÉ 
                      JEAN PAUL II  
                      - destinée à 
                      rendre grâce pour le ferme et sincère soutien 
                      politique à l’émancipation de la Croatie dans les jours 
                      fatidiques qui furent ceux du combat pour la liberté et 
                      la reconnaissance internationale, - pour la foi 
                      en la capacité du peuple et de la société croates à adopter 
                      la culture de la paix de la vie et le soutien à l’entrée 
                      de la Croatie dans la grande famille des Etats européens,
 - pour sa contribution personnelle 
                      au développement spirituel et social de la Croatie et le 
                      développement de la culture de la paix et du pardon, du 
                      dialogue, de la tolérance et de la solidarité.
 Le 
                      Sabor (Parlement 
                      croate), le 6 avril 2005
 |  En dehors de l'Eglise catholique, tous les autres 
                dignitaires religieux de Croatie ont salué ses efforts 
                de dialogue envers les autres religions. Le métropolite 
                orthodoxe serbe de Zagreb et de Ljubljana, Jovan Pavlovic, a déclaré 
                avoir prié pour son rétablissement, considérant 
                que Jean Paul II resterait dans sa mémoire comme un pape 
                qui jouissait d’un grand charisme. Néanmoins, son 
                souhait de se rendre en Serbie-Monténégro n’a 
                pu se réaliser.   Pour 
                le représentant de la communauté musulmane, Sevko 
                Omerbasic, « la contribution du pape à la cause 
                religieuse et à celle de la paix est infinie. […] 
                C’est avec un profond respect et un sentiment de gratitude 
                que nous, musulmans de Croatie nous souvenons de ses voyages en 
                Croatie et en Bosnie-Herzégovine, à l’occasion 
                desquels il a plaidé avec vigueur en faveur du développement 
                des relations interreligieuses. Jean Paul II laisse à son 
                successeur un héritage immense qui oblige, qui est aussi 
                de la plus grande valeur et qui constitue la fierté de 
                l’Eglise catholique et de la chrétienté en 
                général. »
 Le président de la coordination des communautés 
                juives de Croatie, Ognjen Kraus, et le grand Rabin de Croatie, 
                Kotel Da-Don, 
                ont également exprimé leur condoléances et 
                rappelé que Jean Paul II « fut le premier pape 
                a s’être rendu en Israël. Le souvenir de sa visite 
                au Mur des lamentations, haut lieu du judaïsme entre tous, 
                est impérissable, et celui à Yad Vashem, courageux 
                et historique. » Amitié 
                réciproque   Le 
                lien privilégié entre Jean Paul II, premier pape 
                slave de l’histoire, et les fidèles de Croatie s’est 
                établi dès le début de son pontificat, du 
                temps de l’ancienne Yougoslavie. Dès le 30 avril 
                1979, à l’occasion du 1100e anniversaire de l’acte 
                d’allégeance du prince Branimir au pape Jean VIII 
                et à l’Eglise de Rome, Jean Paul II, qui avait alors 
                présidé la première messe en croate célébrée 
                par un pape dans la Basilique St-Pierre, avait adressé 
                un vibrant et mémorable accueil aux nombreux pèlerins 
                croates : « Les bras grands ouverts je vous embrasse 
                et vous accueille avec un amour paternel, ici, sur la tombe de 
                saint Pierre à l’occasion de cette grande commémoration 
                de la fidélité des Croates au Saint Siège, 
                qui est à la fois le témoignage du penchant paternel 
                des successeurs de Pierre à votre égard. Vous gardez 
                le souvenir de la Croatie Blanche, votre ancienne patrie, jadis 
                établie là-même où se trouve ma terre 
                natale […] Mes Chers Croates ! Le pape vous aime, le pape 
                vous embrasse et vous accueille. Le pape vous bénit ! »
 
                 
                  | PREMIER 
                    OU SECOND PAPE SLAVE? |   
                  | Le 
                      pape Jean Paul II fut-il vraiment le premier pape slave 
                      de l'histoire comme on l'affirme? Le pape Jean 
                      IV le Dalmate (640-642), 72e souverain pontife, était 
                      originaire de Dalmatie, mais l'on ne sait rien de ses origines 
                      ethniques. Bien que l'établissement des Croates dans 
                      leur patrie actuelle remonte au tout début du VIIe 
                      siècle, il est néanmoins peu probable, bien 
                      qu'on ne saurait complètement l'exclure, que Jean IV 
                      fût d'origine slave, croate en l'occurrence. |  Dès 
                lors, ces liens ne cesseront de se resserrer entre ce pape polonais 
                et la Croatie, parfois qualifiée de « Petite 
                Pologne » en raison des nombreuses similitudes entre 
                les deux pays. Proclamés au Moyen Âge Antemurale 
                christianitatis par le pape, ces deux nations slaves, longtemps 
                rayées de la carte de l'Europe, continuèrent néanmoins 
                d'exister à travers leur identité culturelle forte, 
                caractérisée notamment par une fidélité 
                sans faille à l'Eglise de Rome. Plus récemment, 
                à l'épreuve des deux totalitarismes qui les ont 
                accablés au XXe siècle, l'une comme l'autre trouvèrent 
                refuge dans leur attachement aux valeurs humanistes chrétiennes, 
                ce qui ne manqua pas de renforcer encore la ferveur de leurs habitants. 
                Comme 
                en Pologne, enfin, la religion catholique fait quasiment partie 
                de l'identité 
                nationale croate, puisque 88% de la population se déclarait 
                catholique en 2001 - bien que la Croatie soit un Etat laïque. 
                 
                 
                  | CANONISATION, 
                    BÉATIFICATION, CARDINALAT |   
                  | Au 
                      cours de son pontificat, Jean Paul II a canonisé deux Croates, 
                      Leopold Bogdan Mandic et Marko 
                      Krizevcanin, et en a béatifié trois autres, Alojzije 
                      Stepinac, Marija 
                      Propetog Isusa et Ivan 
                      Merz.   Il 
                      a également choisi trois prélats croates parmi les 
                      cardinaux qu'il a créé sous son pontificat, 
                      Mgrs Franjo Kuharic, Vinko Puljic et 
                      Josip Bozanic. 
                      Un quatrième prélat, Mgr Josip Uhac, également pressenti 
                      pour rejoindre le Sacré Collège, est décédé peu avant d’être 
                      nommé.
 |  Lors 
                de la célébration de l’année mariale, 
                en 1987, Jean Paul II dit une nouvelle fois une messe en croate, 
                à Castel Gandolfo, pour les nombreux pèlerins venus 
                spécialement de Croatie. En recevant le 25 mai 1991 le 
                président Franjo Tudjman, il accorda sa première 
                audience privée à un président croate. En 
                août de la même année, au cours de son voyage 
                en Hongrie, Jean Paul II adressa un message de solidarité 
                aux pèlerins venus de la Croatie voisine, alors en proie 
                à une agression militaire, déclarant alors se sentir 
                « proche de [leurs] aspirations légitimes ». 
                Après l’échec de la diplomatie internationale 
                incapable de mettre un terme au conflit, 
                le Saint-Siège s'est résous à reconnaître 
                l’indépendance 
                de la Croatie, le 13 janvier 1992, suivi deux jours plus tard 
                par les Etats membres de la Communauté européenne. 
                Par la suite, le pape se rendra trois fois en Croatie, en 1994, 
                1998 et 2003, mais également deux fois en Bosnie-Herzégovine, 
                en 1997 et 2003, où les Croates constituent l’essentiel 
                de la communauté catholique de ce pays voisin.  
                 
                  | Ultime 
                      symbole de ce lien privilégié avec la Croatie, la sculpture 
                      de la Vierge à l'Enfant, qui surplombera désormais le tombeau 
                      du pape Jean Paul II, est l'oeuvre de Ivan Duknovic, célèbre 
                      sculpteur croate de la Renaissance. |  De 
                leur côté, les Croates manifestèrent à 
                maintes reprises l’amitié particulière qu’ils 
                vouaient à ce pape. Ainsi le don, en décembre 2002, 
                d’un sapin de Noël de 27 m de haut! destiné 
                à la place St-Pierre. Ainsi encore, le 8 novembre 2003, 
                à l’occasion du jubilé d’argent du pontificat 
                de Jean Paul II, lorsque 10 000 catholiques croates, aux côtés 
                de leurs évêques, se rendirent en pèlerinage 
                de reconnaissance à Rome. Ainsi enfin l’octroi, en 
                mars 2004, du titre de citoyen d’honneur de Dubrovnik, attribué 
                au pape Jean Paul II en témoignage d’amitié 
                de l'ancienne Raguse, qui est aussi la ville natale de Rugjer 
                J. Boskovic - ce jésuite croate, esprit universel des 
                Lumières, à qui l'on doit notamment la consolidation 
                de la coupole de la Basilique Saint-Pierre de Rome. Ultime symbole 
                de ce lien privilégié, la sculpture de la Vierge 
                à l'Enfant, qui surplombera désormais le tombeau 
                du pape Jean Paul II, n'est autre que l'oeuvre du maître 
                croate Ivan Duknovic, originaire de Trogir, l'un des plus célèbres 
                sculpteurs de la haute Renaissance. 
                 Les 
                voyages pastoraux en Croatie   Le 
                pape Jean Paul II s’est rendu en Croatie pour la 
                première fois les 10 
                et 11 septembre 1994, à Zagreb, 
                à l’occasion du 900e anniversaire de la fondation 
                de l’évêché. Il fut accueilli par le 
                président de la République Franjo Tudjman et le 
                cardinal-archevêque de Zagreb, Mgr Franjo Kuharic. Son arrivée 
                fut alors saluée par les cloches de toutes les églises 
                du pays et avait donné lieu au plus imposant rassemblement 
                de l’histoire en Croatie. Un million de personnes – 
                un quart de la population – étaient alors venues 
                l'acclamer à l'hippodrome de Zagreb. Son voyage en Croatie 
                fut le seul effectué à l'étranger cette année-là. 
                Ce fut aussi la première visite d’un Souverain pontife 
                sur le territoire croate après celle d’Alexandre 
                III à Zadar, en 1177.
 Au 
                cours de ce « pèlerinage de paix et de solidarité », 
                alors qu’un quart du territoire croate était encore 
                occupé, le pape, fidèle à son message de 
                réconciliation, a appelé à la solidarité, 
                au pardon et à la promotion de la culture de la paix « 
                inspirée par des sentiments de tolérance et de solidarité 
                universelle » qui « ne rejette pas un 
                sain patriotisme, mais le garde des excès nationalistes 
                et de tout exclusivisme ». 
                 
                  | AUPRÈS 
                    DES CROATES DE BOSNIE-HERZÉGOVINE |   
                  | Le 
                      pape s’est également rendu par deux fois en Bosnie-Herzégovine 
                      où la communauté croate constitue l’essentiel des catholiques 
                      de ce pays. En 1994, il a donné à la Bosnie-Herzégovine 
                      son premier cardinal en la personne de Mgr Vinko Puljic. 
                       Lors 
                      de son premier voyage, les 9 et 
                      10 avril 1997, il fut accueilli à Sarajevo 
                      par un demi-million de fidèles et plaida pour la tolérance 
                      religieuse en rencontrant les dignitaires des autres religions 
                      présentes en Bosnie-Herzégovine, islam, orthodoxie et judaïsme, 
                      dans un pays martyrisé, encore divisé au sortir 
                      d'une guerre particulièrement meurtrière. 
                        Lors 
                      de son second 
                      voyage, à Banja Luka, le 22 
                      juin 2003, il éleva au rang de bienheureux le 
                      laïc croate Ivan 
                      Merz, devant plus de 50 000 pèlerins. Il s’attacha 
                      à poursuivre le dialogue œcuménique en s’entretenant une 
                      nouvelle fois avec les responsables des autres confessions 
                      et appela 
                      les peuples de Bosnie-Herzégovine à ne pas céder au découragement, 
                      et mettre tout en œuvre afin que leur pays redevienne une 
                      terre de réconciliation, de rencontres et de paix. « L’avenir 
                      de ce pays dépend de vous. Ne cherchez pas ailleurs une 
                      vie plus confortable, ne fuyez pas vos responsabilités en 
                      attendant que d’autres viennent soulager vos peines, mais 
                      affrontez le mal avec détermination par la force du bien », 
                      lança-t-il alors, notamment à l’adresse des nombreux réfugiés.
  
                      Faisant allusion aux crimes commis durant la Seconde Guerre 
                      mondiale à l'encontre des Serbes par les collaborateurs 
                      oustachis, ainsi qu'au nettoyage ethnique perpétré 
                      par les Serbes durant la guerre 1992-1995 à l'encontre 
                      des Croates et des Bosniaques, il adressa un message de 
                      réconciliation en faveur de la paix et du vivre 
                      ensemble :  
                      "De cette ville, marquée au cours de l'histoire 
                      par tant de souffrance et de sang, j'implore le Seigneur 
                      tout-puissant afin qu'il fasse preuve de miséricorde 
                      à l'égard des fautes commises contre l'homme, 
                      sa dignité et sa liberté, également 
                      par des fils de l'Eglise catholique, et qu'il inspire à 
                      tous le désir du pardon réciproque. Ce n'est 
                      que dans une atmosphère de réconciliation 
                      véritable que la mémoire de tant de victimes 
                      innocentes et leur sacrifice ne seront pas vains, ils nous 
                      encourageront à édifier de nouvelles relations 
                      de fraternité et de compréhension. " 
                      Geste symbolique, Jean Paul II recevra un an plus 
                      tard à Rome, le 9 juin 2004, Mme Natasa Jovicic, 
                      la directrice du mémorial de Jasenovac en Croatie. A 
                      l’annonce du décès du successeur de saint Pierre, le cardinal 
                      de Sarajevo, Mgr Vinko Puljic, a proposé que le parvis 
                      de la cathédrale de la capitale bosnienne soit rebaptisé 
                      du nom de Jean Paul II en signe de reconnaissance. Un message 
                      à la résonance d'autant plus forte qu'il fut 
                      lancé depuis Banja Luka, au coeur même de la 
                      République serbe de Bosnie-Herzégovine d'où 
                      furent expulsés des dizaines de milliers de Croates 
                      et de Bosniaques musulmans. |   Au 
                cours de son second 
                voyage en Croatie, du 
                2 au 4 octobre 1998, le pape Jean Paul II a souhaité 
                poursuivre son pèlerinage « de foi, d’espérance 
                et de charité » entrepris en 1994. Il s’est 
                d’abord rendu au sanctuaire marial national de Marija 
                Bistrica où il a béatifié l'ancien cardinal-archevêque 
                de Zagreb, Mgr Alojzije Stepinac 
                en présence d’un demi-million de pèlerins. 
                Le Saint Père s'est ensuite rendu, le 4 octobre, à 
                Split, chef-lieu de la Dalmatie, où il célébra 
                une messe devant 500 000 fidèles réunis à 
                l’occasion du 1700e anniversaire de la ville. Il rencontra 
                également la jeunesse croate au sanctuaire de la Vierge-de-l’Île 
                à Solin (Salone).
  Le 
                troisième 
                et dernier voyage du pape Jean Paul II en Croatie,  
                du 5 au 9 juin 2003, fut 
                le plus long, mais aussi le plus éprouvant en raison de 
                la canicule qui s'abattit sur le pays. Voyage jubilaire également, 
                puisqu’il s’agissait du 100e effectué hors 
                d’Italie, il fut placé sous le signe de la réconciliation, 
                de l’œcuménisme et de la responsabilité 
                des laïcs. Le Souverain pontife fut accueilli 
                par le président de la République Stipe Mesic, M. 
                Ivica Racan, alors Premier ministre et M. Zlatko Tomcic, alors 
                président du Parlement, ainsi que par le cardinal-archevêque 
                de Zagreb, Mgr Josip 
                Bozanic.
 Dans 
                son discours 
                prononcé à sa descente d'avion, le Saint Père 
                évoqua la candidature de la Croatie à l’adhésion 
                à l’Union européenne. Exprimant 
                le souhait de voir se réaliser cette aspiration, il a rappelé 
                que « la Croatie avançait depuis treize ans sur 
                la voie de la liberté et de la démocratie » 
                et ajouté que « le riche héritage de la 
                Croatie contribuera sans aucun doute à consolider l’Union, 
                que ce soit comme entité administrative et territoriale, 
                ou comme réalité culturelle et spirituelle ».  Au 
                cours de son séjour, le Saint Père s’est rendu 
                à Dubrovnik, Djakovo, Osijek, Rijeka et Zadar. Le point 
                d'orgue de ce voyage fut la béatification, 
                le 6 juin à Dubrovnik, de Soeur 
                Marija Petkovic, fondatrice de la congrégation des 
                Filles de la Miséricorde de saint François, et, 
                dans une moindre mesure, la célébration, le 8 juin, 
                de la messe 
                de Pentecôte à Rijeka, devant un demi-million 
                de fidèles. La veille, 220 000 personnes l’avaient 
                accueilli à Cepin, 
                près d’Osijek et Djakovo.
 
                 
                  | MESSAGE 
                    DE CONDOLÉANCES DE L'AMBASSADEUR DE CROATIE |   
                  | "Nous 
                      nous inclinons devant la mémoire de Jean Paul II, 
                      grand homme et grand pape. Son humanité et sa réflexion 
                      trouvèrent une expression qui allait droit au coeur 
                      de tous, femmes et hommes de différents pays, de 
                      différentes cultures ou religions. Nous autres Croates 
                      avions une affection toute particulière à 
                      son égard, et nous sentions qu'il nous aimait en 
                      retour."  S.E.M. 
                      Bozidar Gagro, Paris, le 5 avril 2005Registre de condoléances de la Nonciature apostolique 
                      à Paris
 |  Ses 
                dernières 
                paroles avant de quitter la Croatie pour Rome furent lancées 
                à l’immense foule réunie sur l’ancien 
                forum romain de Zadar ou bien entassée sur des milliers 
                d’embarcations alentour : « Je te salue, peuple 
                croate bien-aimé ! Merci aussi à toi, jeunesse de 
                Croatie. Que Dieu te bénisse, terre de Croatie ! Qu’Il 
                continue à la bénir et à veiller sur elle 
                ! Elle tiendra toujours une place particulière dans mon 
                cœur et dans mes prières ! »  
                 |